jeudi 9 août 2007

les transsexuels polynésiens en France : les larmes de l’identité

"J’ai depuis mon enfance sentie que j’étais une femme dans un corps d’homme". Qu'est-ce réellement la transsexualité? Quelle est leur histoire personnelle, leur chemin de vie? Qu'attendent-ils de l'avenir?

Attablée avec des amis, lors d’une soirée tahitienne, une jeune femme attire mon attention. Brune, de taille moyenne et un physique avantageux, elle demande à me parler. Et là cette sublime jeune femme se révèle être un transsexuel!
Qu'est-ce que la transsexualité ou médicalement appelé syndrome de Benjamin? Il apparaît clairement que la transsexualité ou transgenre comme préfère l'appeler les personnes impliquées, est quelque chose de subit. On ne devient pas transgenre, mais on le naît, c'est un état et non un comportement comme cela est trop souvent dit. Très tôt la personne qui subit cet état s'aperçoit que son corps ne correspond en rien avec son esprit. C'est en effet vers l'âge de 5 ans lorsqu'il commence à avoir des souvenirs sur ce qui se passe autour de lui et à sentir les choses du monde extérieur que l'enfant transgenre pense comme une personne de l'autre sexe. Et là débute la souffrance qui ne s'achèvera que par la mort, comme certain l'auront malheureusement choisi, ou par la transformation voire l'opération qui rétablira l'adéquation entre l'esprit et le corps et qui sera une véritable délivrance pour l'être humain impliqué. La souffrance est tout aussi bien physique que morale. Une souffrance qui va en s'accroissant, souffrance morale de ces années d'enfance gâchées, d'une partie de sa vie d'adulte gaspillée, de ce corps que l'on cache et que l'on voudrait modifier parfois soi-même (certain se sont mutilé eux-mêmes). Car ce sentiment d'être dans le mauvais corps est ressenti comme une véritable injustice par les transgenres.
C'est dans un coquet petit appartement du 18 ème arrondissement, quartier social par excellence de la capitale où l'on ne remarque personne tant les gens sont différents, décoré aux couleurs de Polynésie que Vaihere me reçoit. En France depuis 9 mois, elle me raconte son parcours, un vrai parcours du combattant. "Depuis l'âge de 5 ou 6 ans, ma famille voyait très bien que je n'étais pas un garçon comme les autres. Je jouais comme une fille, j'avais toujours une fleur à l'oreille. J'étais attiré par l'esthétique et enfant, j'admirais ma mère qui se préparait devant son miroir. Je restais toujours avec mes tantes et mes cousines. À 12 ans je voulais me laisser pousser les cheveux, mon père n'était pas d'accord. D'origine chinoise, il est relativement strict. La seule à qui j'en ai parlé à cette époque fut ma mère. À 14 ans, j'ai commencé à faire des petits jobs pour gagner de l'argent de poche et financer mes études. Puis, à 17 ans, j'ai quitté mes études pour aller travailler dans un bar où avait lieu des spectacles. Dès que je me suis mise à travailler, j'ai eu de meilleurs rapports avec mon père. J'ai ensuite fait de la coiffure, ma passion. Il est extrêmement difficile de trouver du travail car en général les employeurs sont réticents. Ils voient bien que votre aspect extérieur ne correspond pas à votre sexe marqué sur vos pièces d'identité. Plus tard j'ai pu faire une formation de secrétariat grâce à un client. Si je suis venue en France c'est parce qu’à Tahiti on est mal acceptés. Les gens nous regardent, nous fixent, nous détaillent, critiquent ce que nous sommes. Ici en France, et mieux en Angleterre, nous passons inaperçus. Dans le monde de la nuit il y a une place pour nous parmi les travestis, les transformistes, les homosexuels, les drag-queens, bref nous sommes totalement acceptés. Dans ce milieu, on n'attend rien de vous et vous n'attendez rien des autres. Au réveil, on est confronté à la réalité et certains choisissent l'alcool ou la drogue pour oublier cette dure réalité.
Pour mon opération, j'ai demandé à toute la famille car bien plus qu'un mal-être personnel cela concerne et implique aussi toute la famille. En métropole pour subir son opération il faut d'abord suivre une thérapie avec un psychologue durant deux ans. En même temps un endocrinologue vous prescrit des hormones. Si au bout de deux ans tout va bien, dans sa tête en particulier, on peut se faire opérer. Ici il y a une association où l'on peut obtenir toutes les informations nécessaires et qui nous aide. Des tonnes de question nous interpellent chaque jour depuis le jour où nous nous sommes senties de l'autre sexe. Est-ce que l'opération vaut le coup? Est-on sûr de vouloir changer de sexe? Trois tahitiennes m'ont parlé de ce qu'elle ressentent lors d'un rapport sexuel, après l'opération. L'une d'elles dit qu'elle n'a pas d'orgasme mais ressent un plaisir plus psychologique, une sensation de bien-être. Les deux autres disent qu'elles ressentent un réel plaisir physique". Le sexe n'est pas la priorité des transgenres contrairement à ce que l'on pourrait croire. En effet, certaines n'ont jamais eût de rapports sexuels jusqu'à l'opération qui les transformera. Ce n'est pas sexuel ni comportemental, c'est un état. L’opération coûte cher. En Angleterre, l’endroit ou l’opération est la plus réussie, elle coûte environ 100000frs. En Belgique un peu moins et en France encore moins, mais ici l’opération est moins réussie qu’en Angleterre. À l'heure actuelle, des tractations sont en cours avec le ministre de la santé. En effet, quelques cas opérés en Angleterre ont été remboursés par la sécurité sociale qui a par ce geste a admis l'échec des chirurgiens français. Un protocole pourrait être signé afin de mieux former les chirurgiens français à ce genre d'opération. Les étapes qui conduisent à la transformation sont longues et douloureuses. Tout d'abord le patient suit un traitement anti-hormonal puis hormonal. Pendant le même laps de temps, il est suivi par un psy, afin d'évacuer tous troubles psychologiques. Le médecin doit déterminer s’il s'agit d'une transsexualité primaire ou secondaire, vraie, ou voire une psychose. On considère que la transsexualité primaire est celle qui se déclare dès l'âge de 2 ou 3 ans. La transsexualité secondaire est celle qui se déclare alors que le sujet a été marié ou a vécu longtemps en acceptant son sexe de naissance. Aux États-Unis l'opération pouvait être rapide (comme en Angleterre à l'heure actuelle ou l'opération pourrait se faire dans les trois mois, mais où 9 dossiers sur 10 sont rejetés) mais en 1979 on estimait à 30% le nombre de transsexuels qui se suicidaient après l'opération. Depuis l'opération se fait après un délai plus long. En métropole, l'opération est exécutée en CHU pour éviter tous les abus que l'on a pu voir dans la chirurgie esthétique. À l'heure actuelle, on estime à 200 le nombre d'opérés à Paris, et 100 à Lyon. On chiffre à 1 pour 37000 le nombre d'homme se sentant femme (MTF ou male to female en anglais, TMF ou trans mâle vers femelle en français) et 1 pour 100000 le nombre de femme se sentant homme (FTM ou female to mâle en anglais, TFM ou trans femelle vers mâle en français). Vaihere nous décrit ce que sera l'après-opération pour elle "Pour moi cela sera un bien-être d'être enfin une femme. Dans ma tête, je suis une femme, mais quand je présente mes papiers d'identité, pour du travail par exemple, la réponse que j'obtiens est toujours "Ah bon d'accord...". Après l'opération, l passe au tribunal pour faire un changement d'état civil. On doit prendre un avocat. À Tahiti, cela prend 6 mois alors qu'en Métropole il faut attendre 1 à 2 ans. Il y a un réel problème de reconnaissance par rapports à nos cas. Il y a beaucoup de barrages. Une personne a mis 17 ans pour faire reconnaître son cas. Chez les transgenres, la nature féminine ou masculine est une vraie nature et ces démarches administratives servent à retrouver sa vraie nature. Un des grands problèmes des transgenres reste la prostitution. C’est l’un des seuls domaines d’activités où nous sommes acceptés". Mais pourquoi choisir cette voie en France? "Pour pouvoir payer mon opération. Et puis gagner beaucoup d’argent en peu de temps, ça perturbe, après il est difficile de reprendre une vie normale et d’accepter de travailler pour beaucoup moins. Lorsque je me prostitue, je me sens sale, pas moi-même. Je me ne sens rien du tout, je suis un objet pour mon client. Je fais ça comme un robot. Bref on ne se prostitue pas pour le plaisir! ". Il n'existe pas à l'heure actuelle de suivi pour sortir les transgenres de la prostitution. La prostitution n'est pas un choix. C'est le système dans lequel on vit qui conduit les transgenres à la prostitution. En effet la plupart du temps les emplois qui leur sont proposés sont très précaires. Pourtant des transgenres ont parfois un vrai métier pour lequel ils ont suivi des études longues et difficiles. Certains sont architectes, journalistes, informaticiens, comédiens. Chaque jour ils doivent se battre plus que quiconque, pour faire le métier qu'ils aiment et ont choisi. Mais à l'heure actuelle les mentalités étant trop fermées, ils ne peuvent exercer leurs métiers. C'est pourquoi beaucoup de jeunes se prostituent, par fatalité.
Pourquoi une si mauvaise acceptation dans leur communauté d'origine, la Polynésie? En Inde par exemple, on ne conçoit pas une cérémonie sans eux. Chez les amérindiens, ce sont eux qui dans les temps anciens réglaient les différents problèmes. Toutes ces cultures ont une reconnaissance des transgenres, car cet être englobe à la fois la culture de l'homme et celle de la femme. Souvent dans ces pays, on les respecte car on les craint. On les croit dotés de pouvoirs divins, qui échappent même à la personne détentrice de ces pouvoirs. À l'heure actuelle, dans beaucoup de société, il faut soit être un homme, soit être une femme. Celui ou celle qui échappe à cette règle est mis au ban de la société, est marginalisé pour quelque chose de naturel qui se produit dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Melinda une autre transgenre polynésienne nous parle des difficultés qu'elle a rencontré durant sa jeune vie "Quand j'étais à l'école, on m'a mis plusieurs fois à la porte parce que je portais des vêtements féminins. Je m'habillais en femme et les profs ne l'acceptaient pas. J'étais pourtant très motivée par mes études. Ce que les gens rejettent c'est la différence. Nous avons une image marginalisée et marginalisante beaucoup trop rétrograde pour notre époque. C'est un paradoxe inacceptable. Dans ma tête, je me suis toujours considérée comme une femme. Je me sens bien maintenant. Mais avant si quelqu'un m'obligeait à faire le contraire, c'est-à-dire me considérer comme un homme, je me sentais mal. Lorsque j'avais mon sexe d'homme, j'étais mal dans ma tête et dans ma peau. Vers 11 ans, j'ai senti que quelque chose n'allait pas en moi. Je me sentais femme. Je pensais que j'étais une personne à part, la seule à laquelle cela arrivait. À l’époque je ne connaissais personne à qui en parler. J'ai donc commencé à cacher ma vraie personnalité, puis un jour, j'ai craqué. Ce jour-là tout le monde m'a claqué la porte au nez. Mon père m'a frappé à plusieurs reprises et m'a dit que je n'étais plus son enfant. Il m'a dit tant de choses humiliantes et vexantes. Je n'ai pas voulu porter plainte, pour ma mère. J'ai fait plusieurs fugues. Tout cela a été un véritable traumatisme pour moi. Il me battait comme si j'étais un chien. Lors d'une de mes fugues, mes parents sont venus me chercher au commissariat. Mon père s'est mis à me battre devant la police, mais personne n'a réagi considérant que cela était une histoire de famille. Ma grand-mère était la seule à pouvoir raisonner mon père". Les insultes sont une expression de la souffrance des parents qui ont a subir plusieurs étapes, tout comme leur enfant transgenre. Les deux étapes principales sont la culpabilisation de la situation et la marginalisation. En effet, le transgenre marginalise ses parents car tout comme un transgenre n'a pas choisi de l'être, de même les parents n'ont pas voulu que leur un enfant soit transgenre. Personne ne choisit cet état. "Mes amis m'ont rejetée. Je me suis sentie terriblement seule puis j'ai commencé à me battre. Je me suis beaucoup battue dans ma vie. Quand j'étais à la porte de chez mes parents, j'ai commencé à traîner dans la ville, dans les boîtes. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré d'autres transgenres. Je voulais travailler ailleurs que, dans la prostitution, je cherchais donc à travailler. Mais les différents employeurs que j'ai rencontré n'ont pas cherché à comprendre. Pour payer mon loyer j'ai été obligé de me prostituer. Lorsque j'ai cherché à en parler avec ma mère, elle n'a rien voulu savoir. Je lui ai demandé , “vous ne voulez pas mon bonheur". Cela fait 5 ans que je suis en métropole. J'ai coupé tout contact avec ma famille pendant 5 ans, sauf avec ma mère que j'ai de temps en temps au téléphone. Depuis que je suis ici j'ai été suivie par un psy, j'ai pris des hormones et j'ai été opérée. Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Grâce aux autres transgenres, je ne suis plus sentie seule. Maintenant je me bats pour obtenir mes papiers féminins. Car le problème principal réside vraiment dans le fait d'avoir un 1 à la place du 2 dans le numéro de sécurité sociale". L'une des principales batailles des transgenres est d'obtenir la mise en conformité entre leur apparence et leur état civil. En effet comment justifier de son identité lorsque vous ressemblez à une femme, mais que vos papiers d'identité disent que vous êtes un homme. La seule condition est de se faire opérer puis de déposer une requête auprès du tribunal de grande instance du domicile ou du lieu de naissance. La condition sine qua non pour accéder au changement d'état civil est la stérilité. C'est pourquoi des transgenres opérés ou pas se battent, afin que l'opération soit un choix personnel et en aucun cas imposé par l'administration et la société. Durant la phase de transformation, des papiers provisoires éviteraient les problèmes liés aux documents d'état civil non conforme à l'apparence. Pour cette dure bataille Melinda nous dit "J'aurais voulu que ma famille me soutienne. À cause de leur attitude, j'ai été longtemps troublée. Il y a 4 ans, je suis allée à l'ANPE pour faire une formation dans la coiffure, mais je n'ai jamais eu de réponse. Il faut se battre pour sortir du milieu de la prostitution. Et se battre contre l'attitude des autres. Il faut être très fort dans sa tête. Les hommes me voient en tant qu'homme. J'ai vécu avec un homme qui faisait exprès de m'appeler par mon prénom d'homme. Ça me vexait. Les hommes pensent que l'on salit leur virilité, leur image. À cause de nous ils se remettent en question. La vérité est pour eux quelque chose de sacré. Les hommes nous en veulent de ne pas être des femmes d'origine. Au départ, notre condition met du piment dans la vie d'un mec puis après les choses commencent à se dégrader. Tu respectes les gens, mais les gens ne te respectent pas. Lorsqu'il me faisait souffrir de la sorte, je pleurais dans mon coin, mais lui s'en fichait. Malgré tout ce qui m'est arrivé, je souhaite une belle vie aux générations qui arrivent. J'essaye de leur donner de bons conseils. Beaucoup n'ont pas d'ambitions. Les autres ont baissé les bras. Certaines qui sont opérées se suicident". L'acte de suicide correspond souvent à une déception vis-à-vis de l'opération qui s'est mal déroulée ou qui est d'un résultat médiocre. Parfois c'est parce que les transformations n'ont pas été mûries dans la tête du transgenre. "Il ne faut pas précipiter les choses". Mélinda disait à ses amies transgenres avant son opération , “vous resterez toujours mes amies". Car un fossé se creuse parfois entre celle qui a subi l’opération et les autres. Parfois les "opérées" se sentent supérieures aux autres car elles ont leur sexe de femme et les autres pas. "Il faut que l'on se serre les coudes. Dans ce milieu, on a trop vécu et vu trop de chose, on mûrit donc facilement, très vite. On est obligé d'avoir la tête haute, de se battre pour notre avenir. On a peur de se retrouver seule et parfois l'alcool nous aide. À l'heure actuelle que mon père ait plus ou moins accepté la situation m'a soulagé. Je peux pardonner, mais jamais je ne pourrais oublier les choses qu'il m'a dit. Pourtant il ne m'a pas dit en face qu'il acceptait la situation, il l'a dit à ma mère pour qu'elle me le dise. Si mon père venait à mourir avant de me l'avoir dit, j'aurais beaucoup de remords. En fait je pense que je ne pourrais pas vivre sans qu'il m'accepte telle que je suis maintenant. Mon père est un homme très fier, donc il ne me dit pas les choses en face. Malgré tout je me sens bien dans ma tête. Il faut assumer les conséquences. Je souhaite que ma famille me voie en tant que femme, et à part mes proches, les autres membres de la famille me verront toujours en garçon. Il est difficile de changer les mentalités. En Polynésie, les rae-rae ne sont appréciés que pour les spectacles et les fêtes. Rien n'est fait pour aider les trangenres et puis ils ne sont pas assez nombreux pour que les hôpitaux aient des subventions. Beaucoup, qui ne peuvent venir en France, ont baissé les bras. Et je sais qu'à Tahiti je serais toujours obligée de me cacher, par respect pour mon père". Vaihere enchaîne "Ce que je peux dire à ma famille : c'est votre preuve d'amour de m'accepter telle que je suis". "On veut connaître le bonheur comme tout le monde, nous souffrons de ne pas être acceptées chez nous en Polynésie car la seule chose que nous demandons c’est d’être acceptées et aimées comme tous les êtres humains, et cette situation nous fait souffrir. Les mahous sont parfois plus accepté que nous. Pour les tahitiens, les rae-rae ne méritent pas de vivre".
Ceux qui n'ont pas baissé les bras pensent qu'il faut expliquer les choses pour les faire accepter et tous pensent, à un moment donné, qu'ils ont beaucoup vécu pour les autres et que le moment est venu de vivre "pour eux". On classe la "espèce" humaine en deux catégories bien distincte : les hommes et les femmes. Mais les transgenres, tout comme d'autres personnes dont l'identité de genre est mal définie (par exemple les cas encore plus rares comme les hermaphrodites ou les pseudos-hermaphrodites qui viennent à la naissance avec les caractéristiques des deux sexes. Certains ont des chromosomes XY (mâle donc) mais qui physiquement sont des femmes ou vice-versa!) nous conduisent à nous poser une question : n'y a-t-il que deux sexes? Le genre n'est-il pas une réalité uniquement individuelle? La transsexualité est considérée à l'heure actuelle comme une maladie mentale est classée comme telle, pourtant elle demeure pour les médecins une énigme : est-ce psychologique, génétique, hormonal? Des êtres qui n'espèrent qu'une chose : être enfin acceptés dans la société qui en a fait des marginaux.

Les transgenres célèbres
Christine Jorgensen est incontestablement la première transsexuelle connue. Son opération chirurgicale, effectuée en 1952 au Danemark, et révélée à son insu par un grand journal public, le Daily News, la propulsa sur le devant de la scène bien malgré elle. En France, on pensera en premier à Coccinelle qui dans les années soixante-dix fit grand bruit en se mariant à l'église. Elle fut une célébrité en tant que tête d'affiche au Carroussel, fameux cabaret parisien, elle fut également meneuse de revue au Lido, à l'Olympia et comédienne au cinéma. Elle a publié en 1987 un livre intitulé "Coccinelle". Mais on peut également penser à Maud Marin qui dans les années 80 dénonçait les conditions d'existence des prostituées. Elle-même prostituée, elle publia un livre "le saut de l'ange". Elle rencontra de nombreuses difficultés dans sa carrière d'avocate, se trouvant radiée du barreau puis réintégrée. À un niveau plus international, on pensera à Renée Richards, célèbre joueuse de tennis qui fut l'héroïne d'un film autobiographique intitulé "Le choix" ou également à Carolyn Cossey, ex-James Bond Girl au côté de Roger Moore, comédienne et top-model britannique qui s'était battue pour pouvoir se marier et n'avait pas obtenu gain de cause devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Plus récemment, Bibi Andersen, une des comédiennes fétiches de Pedro Almodovar, et bien sûr Dana international, chanteuse israélienne qui a gagné le prix de l'Eurovision en 1998. Mais le cas le plus célèbre est sans conteste le cas de Jin Xing. D'origine coréenne, il fut un officier bien noté de l'armée chinoise jusqu'à devenir "la première danseuse" de Chine. Elle qui voulait le bonheur n'a obtenu que la gloire.